2025 restera une année mémorable pour Charlotte Yven. Double vainqueur de la Transat Paprec, première femme sur le podium de La Solitaire et championne de France élite de course au large, elle confirme son talent et son ambition. Ingénieure de formation comme François Gabart, elle s’inscrit dans la lignée des grands talents révélées par la Filière Skipper Macif. Première lauréate de la sélection féminine, elle accomplit une performance sportive prouvant une fois encore, que les femmes et les hommes peuvent atteindre les mêmes résultats avec les mêmes moyens. La championne revient sur ses objectifs, ses modèles et son rôle dans le team IMOCA de MACIF, prête à apprendre, observer et transmettre son expérience.

Quels étaient tes objectifs cette année ?
« Mes objectifs en début de saison étaient simples : accrocher un maximum de podiums et être régulière, en mettant la double dose sur la Transat Paprec et la Solitaire. Jusqu’ici, personne n’avait remporté la Transat Paprec deux éditions de suite. Viser la victoire est très difficile, mais avec les moyens dont nous disposions, nous savions que c’était possible. Il y a tellement d’aléas que l’on ne peut pas se fixer comme seul objectif de gagner, sous peine d’être déçu. C’est un aspect sur lequel nous avons beaucoup travaillé. »
Personne n’avait remporté deux fois de suite la Transat Paprec. Est-ce que cela rend l’objectif encore plus tentant ?
« Gagner deux fois de suite ? Je n’osais pas vraiment me projeter là-dessus. Ce qui m’a fait réaliser que c’était à notre portée, c’est à l’approche du départ, lorsque tout le monde nous a classé parmi les favoris. C’est une nouveauté et ça change la perception. C’est très satisfaisant car cela montre que le travail a porté ses fruits. C’est galvanisant. Si tout le monde le dit ! »
Sur la Solitaire, tu réalises le premier podium féminin de l’histoire de la course…
« Pour la Solitaire, j’ai entendu le fameux : « une femme va-t-elle gagner La Solitaire ? » Cela apporte un peu de confiance, même si, pour moi, le fait d’être une femme a toujours été un non-sujet. Réaliser un podium n’est pas un exploit pour une femme plus que pour un homme. Cela reste un aboutissement, quel que soit le genre. Ce qui est important, c’est que c’est la première fois qu’une femme signe un podium, et j’espère que cela va changer le regard des gens. La voile a cet avantage : nous sommes à égalité au départ et chacun fait avec ses armes. »
Entre la victoire sur Transat Paprec, le podium sur la Solitaire et le titre de championne de France élite de course au large. Qu’est-ce qui compte le plus à tes yeux ?
« Si je devais retenir un accomplissement cette année, ce serait le titre de championne de France. Il récompense le travail réalisé en double sur la Transat Paprec, ainsi que mes résultats en solitaire. C’est ce qui souligne le mieux cette très belle saison en Figaro. »
Tu deviens un modèle pour des jeunes filles qui font de la voile ?
« Lorsque je faisais de l’Optimist, mon modèle était Sam Davies qui participait à son premier Vendée Globe à bord de Roxy. J’avais adoré son énergie et sa personnalité, et elle avait terminé quatrième ! Elle a su partager sa bonne humeur et son dynamisme. Si je peux inspirer les futures navigatrices, j’en suis ravie. »
Tu intègres l’équipe IMOCA MACIF. C’est un nouveau cap dans ta carrière de marin ?
« Je suis très heureuse de poursuivre sur le projet IMOCA. C’est une chance énorme de rebondir ainsi après la filière Figaro. Je suis fière de ce rôle de skipper remplaçante ou de co-skipper. Je vais pouvoir naviguer, observer et comprendre comment se monte un projet IMOCA. Je serai au Havre pour le départ de la Transat Café L’Or, où je suivrai la météo et ferai tout pour être utile à Sam Goodchild et Loïs Berrehar. Je suivrai également la course à distance pour accumuler un maximum d’expérience, et bien sûr, je les retrouverai en Martinique pour le convoyage retour. Si l’un d’eux rencontre un problème avant le départ, je pourrai embarquer, mais je compte sur eux pour que tout se passe bien ! »