Vendée Globe : les extrêmes émotionnels d’un sport mécanique

Pendant que ses partenaires d’entrainement poursuivent leur aventure autour de la planète et surfent dans les alizés, Jérémie panse ses plaies aux Sables d’Olonne et repart à l‘assaut du Tour du monde.

Ni négligence ou imprudence dans cette rencontre avec un OFNI. Juste la faute à pas de chance sur une route maritime de plus en plus encombrée. Alors qu’il avait coché toutes les cases de sa préparation depuis 2 ans, Jérémie a subi une fortune de mer qui l’a contraint à un retour au port prématuré.

Les formations à terre, les heures passées au large à tester hommes et matériel, les experts, les alarmes en tête de mat ou sous l’eau n’ont su anticiper ce choc entrainant des dommages importants sur son Imoca foiler nouvelle génération, ruinant ses ambitions légitimes de victoire. Quand l’un des skippers de l’équipe souffre, c’est toute l’équipe qui s’en trouve affectée mais « the show must go on ».

Aux trousses d’un marin britannique pressé, la chasse s’organise avec un Jean LE CAM audacieux et visionnaire. Quant à Charlie DALIN, Kevin ESCOFFIER, Samantha DAVIES et Boris HERRMAN : ils mettent du charbon et affolent les speedo! La route est longue, patience…

 

  • Un entraînement rationnel qui a fait ses preuves

Pour le Pôle Finistère Course au large, le Vendée Globe 2020 représente certes 2 ans de travail consacré exclusivement à cette course, 3 000 milles en confrontation au large en partageant toutes les données, des formations météo, stratégiques, de la préparation physique, mentale … Mais c’est aussi et surtout l’aboutissement d’un accompagnement des projets solitaires des marins sur la durée. « Beaucoup de coureurs ont commencé à travailler avec nous par le circuit Figaro (Romain ATTANASIO, Jérémie BEYOU, Charlie DALIN, Sam DAVIES, Sébastien SIMON, …). L’accompagnement que nous leur offrons s’inscrit pour la plupart d’entre eux depuis 10, 15 voire 20 ans. » explique Christian Le Pape, directeur du Pôle Finistère course au large.

Cela illustre l’efficacité d’un travail de longue date du Pôle Finistère en termes de recrutement et de formation réunissant les meilleurs marins au même endroit. Sur les cinq dernières éditions du Vendée Globe, cette démarche a démontré son efficacité avec les deux victoires de Michel DESJOYEAUX, celle de Vincent RIOU, François GABART et d’Armel LE CLEACH.

  • La magie d’un départ exceptionnellement intimiste

L’ambiance du départ de ce 9ème Vendée Globe était bien loin de l’effervescence et de la foule qui marquent habituellement cette journée particulière. Ponton quasi désert, chenal privé de public… Un départ surréaliste et étonnant, renforcé par un nuage de brume qui s’invite et modifie l’heure de départ prévue. Cette situation exceptionnelle a permis aux équipes du Pôle Finistère de pouvoir dire un vrai au-revoir les yeux dans les yeux à leurs amis marins.

Jeanne Grégoire, entraîneur au Pôle Finistère : « Comme tout le monde, nous nous sommes dit que ce départ était un peu triste sans la ferveur habituelle que l’on connait : les pontons bondés, le chenal bruyant et remplis d’amoureux de la mer… Notre présence nous rappelait donc le privilège que nous avions à vivre ce départ depuis notre semi-rigide. D’un point de vue très égoïste, c’était un vrai beau moment, car cela nous a permis d’avoir le temps d’aller dire au-revoir à chacun de nos marins sur l’eau et de pouvoir se dire quelques mots, les yeux dans les yeux, à quelques minutes du départ. Nous cultivons des relations particulières avec chacun. Je pense notamment à Sam Davies, que je connais depuis 2001, qui s’entraîne au Pôle depuis 2004 et que je considère comme une amie, mais aussi à Jérémie Beyou, qui est au Pôle depuis plus de 20 ans, ou encore Sébastien Simon, qui malgré son ADN « Vendéen », est un pur produit de la Région Bretagne (son projet Vendée Globe fait suite à ses 5 années en tant que skipper de la filière d’excellence du Team Bretagne-CMB, ndlr). Toutes ces relations ne se sont pas uniquement construites sur ces deux dernières années d’entraînement, ce sont des personnes que l’on connaît bien, et ce, depuis de nombreuses années à Port-la-Forêt. »